Festival de l’Apprendre Partie 2 – Quelles pistes pour renouveler notre façon d’apprendre ?
L’équipe du FREREF était présente à la journée dédiée aux professionel·le·s du festival de l’Apprendre 2023, organisé à l’Hôtel de métropole de Lyon le 25 janvier. Nous avons pu écouter les interventions de Véronique Moreira , vice-présidente de la métropole en charge des collège, Olivier Curnelle , représentant du rectorat de Lyon, Rebecca Shankland, Professeure des Universités en psychologie du développement et Philippe Meirieu, ancien Professeur des Universités en Sciences de l’Éducation sur la question du bien-être des élèves. L’importance de la santé mentale des élèves et étudiant ·e·s a été mise en lumière pendant la crise sanitaire, en effet entre apprentissage à distance, isolation sociale et éco-anxiété, leur bien-être est mis à mal en cette période d’incertitude.
Au fil des discussions et des rencontres, nous avons également constaté que nos projets font définitivement face à des problématiques actuelles, comme l’apprentissage de la citoyenneté, l’Éducation à la Paix, la résolution de conflit à l’école, l’inclusion des enfants avec un parcours migratoire, et les pédagogies nouvelles basées sur la créativité.
Quelles pistes pour renouveler notre façon d’apprendre ?
Plusieurs pistes ont été évoquées lors des échanges, pendant la discussion d’ouverture ou lors des ateliers tout au long de la journée
Une première piste évoquée par M. Meirieu et Pr. Shankland est la promotion de la Coopération, comme valeur et comme ensemble de compétences. En effet le système scolaire aujourd’hui et la conception de la réussite scolaire est beaucoup basée sur la compétition : on demande à ses enfants d’avoir les meilleures notes comparativement à ses camarades, pour tirer son épingle du jeu lors de processus de sélection lors du passage à l’enseignement supérieur (et parfois plus tôt), alors que les dynamiques coopératives permettent de mieux apprendre : Pr Shankland a évoqué une étude qui montre que les dispositifs d’entraide améliorent la réussite scolaire. L’étude évoque même un format de cours « idéal » incluant un temps d’entraide avec 1/3 de temps dédié à la transmission d’info , 1/3 dédié au travail personnel et 1/3 de temps d’entraide entre élèves. M Meirieu lui promeut la valorisation de chaque élève pour ses compétences propres, et lui permettre ainsi de se positionner dans le collectif comme ressource (comme par exemple le fait le brevet des scouts). Au FREREF nous considérons la coopération comme une valeur essentielle de l’Éducation, pilier des compétences démocratiques et sociales et de l’Éducation à la Paix. La coopération est d’ailleurs une thématique clé de notre catalogue en ligne de jeux « Peace Games » pour l’Education à la Paix.
Une autre piste évoquée par les intervenant.e.s est celle de l’apprentissage manuel, pourtant en perte de vitesse dans le système formel actuel où l’heure de technologie de 6ème a été supprimée du programme. L’apprentissage manuel peut développer énormément de compétences comme la concentration profonde, mais aussi « l’art de faire avec » ou la débrouillardise, compétences cruciale à l’aune d’une société qui tend à la sobriété et à la soutenabilité. Cet essor de l’ESS et des structure mettant en avant le développement durable et une façon de produire et de consommer alternative, nous l’avons vu lors de notre investigation dans les tiers-lieux apprenants dans le cadre de notre projet Places-3T : que ce soit des jardins partagés, des recycleries, des ateliers partagées, des friches industrielles transformées en lieu culturel, les tiers-lieux sont des espaces propices à l’apprentissage « alternatif » informel, entre pairs, à la croisée des secteurs.
Enfin l’apprentissage des responsabilité et de l’autonomie apparaît comme une évolution nécessaire pour éduquer des enfants qui deviendront les citoyen.ne.s actif.ve.s de demain (et même d’aujourd’hui!). L’apprentissage de la responsabilité est évoqué dans les attitudes clé du cadre pour la culture démocratique du Conseil de l’Europe (Cf article Festival de l’Apprendre Partie 1 ) mais sa mise en œuvre pratique reste un défi pour les pédagogues. M. Meirieu évoquait par exemple le traditionnel animal de compagnie dans la classe dont toute la classe prenait soin. L’apprentissage de la responsabilité est fortement lié à l ‘apprentissage « citoyen » : les élèves doivent apprendre leur rôle dans les processus démocratiques pour se faire une idée de la responsabilité qu’il incombe à chaque individu appartenant à une société. Cet apprentissage nécessite donc de considérer les apprenant.e.s, enfants ou adultes, comme des acteurs de leur propre apprentissage. Et pour ce faire laisser de l’autonomie est primordial. On ne peut que se féliciter de voir que la métropole de Lyon a œuvré en ce sens en mettant à disposition des collèges un budget participatif. Cependant cette pratique n’est ni systémique ni systématique. Les systèmes scolaires doivent appréhender la question de l’autonomie et de la responsabilité des élèves dans son ensemble et adopter une approche holistique de l’apprentissage de la citoyenneté. Cette question a notamment été développé par le projet CITIZED qui met à disposition un Guide pour une approche globale de la citoyenneté à l’école, qui recense des pratiques et des outils à mettre en place dans les établissements.
Crédits photo : Maison de l’Apprendre