Journée de l’Innovation pédagogique : nos découvertes et nos rencontres

Inclusion à l’école: des pistes de réflexion parallèle pour inclure les élèves sourds et élèves allophones

Lors d’un premier atelier nous avons pu découvrir le pôle enseignement pour les jeunes sourd.e.s (PEJS) du lycée Jean-Paul Sartre. Il n’existe que 3 lycées en France qui propose un parcours classique de l’Éducation National de façon adaptée pour les élèves sourd.e.s. Le pôle propose des cours avec 3 organisation différentes selon la matière et les besoins des élèves :

  • une immersion complète des élèves sourds dans une classe avec un.e enseignant.e oralisant.e et des élèves entendant.e.s.
  • des cours spécifiques avec un.e enseignant.e signant.e pour les élèves sourd.e.s
  • des cours hybrides avec un.e enseignant.e oralisant.e et un.e enseignant.e signant.e qui font cours en parallèle dans une même classe mixte avec des élèves sourd.e.s et entendant.e.s, et un.e interprète LSF.

Ce parcours avec des formes diverses et hybride d’enseignement parait un juste compromis entre une approche “sink or swim” et une approche qui sépare totalement élèves sourd.e.s et entendant.e.s. Ces différentes approches avaient également été mises en lumière par les chercheur.se.s du projet CHILD-UP sur l’intégration des élèves migrant.e.s allophones. La mixité de l’environnement, notamment lors de temps informels (récréation, activité extra-scolaire culturelle ou sportive), a été identifiée par les chercheurs de CHILD-UP comme un élément crucial pour l’inclusion sociale des élèves. On pourrait s’inspirer des dispositifs existants pour les élèves sourd.e.s pour améliorer l’inclusion des élèves en générale, comme les élèves allophones par exemple, et inversement. Agir globalement sur la nécessaire adaptation des formes d’enseignement, de l’organisation de la salle de classe et de la vie de l’établissement pourrait ainsi améliorer l’inclusion de tous.tes les élèves.

L’association des élèves sourds du lycée Jean-Paul Sartre œuvre pour informer sur la LSF et son enseignement, et promeut l’inclusion des personnes sourdes. Les élèves proposent notamment des outils comme des jeux ou des livrets thématiques pour le personnel d’accueil.

Table ronde “Innovation pédagogique par delà les frontières”

Lors de cette table-ronde nous avons pu écouter une représentante de l’Institut des Hautes Études de l’Éducation et de la Formation (IH2EF) à propos du « pre-teaching » qui consistes à donner aux élèves avant le cours des pistes de recherche sur le sujet, pour après l’aborder en classe et répondre aux éventuels questionnements, découvrir le sujet plus en profondeur et éventuellement ses mise en application.

Mme Le Bouedec de la DRAREIC a exposé le travail du projet VABIOLA sur la valorisation des biographies langagières. En effet les élèves allophones rencontrent plus de difficultés pour suivre l’enseignement dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle, alors que la maitrise de leur langue maternelle n’est souvent pas valorisée. Le but du projet est donc de rendre visible les compétences des élèves, en utilisant notamment le cadre européen de référence pour les langues vivantes pour évaluer leur maitrise d’une langue. Le but du projet est également de rendre les langues égales entre elle et déconstruire la hierarchie qui existe entre les langues, et également sécuriser la construction de l’élève et de l’enseignant, pour communiquer malgré les obstacles linguistiques et prioriser l’action pédagogique.

Une représentante de la CASNAV a poursuivi cette réflexion sur la reconnaissance des compétences linguistiques et l’importance de valoriser le plurilinguisme. L’accueil des enfants allophones peut et doit s’accompagner de l’accueil des parents. La CASNAV a notamment participé à un projet de coopération en Lombardie où les écoles dispensent des cours d’italien pour les parents allophones, qui inclut un service de garderie gratuit, proposé par des volontaires. Cette démarche s’accompagne d’une stratégie de communication globale avec notamment un affichage papier dans l’école sur son fonctionnement. Ces actions permettent ainsi de mettre en œuvre un cadre partagé, commun et lisible pour toute la communauté éducative.

Table ronde “Transformer l’école : la collaboration avec la recherche”

Un enseignant-chercheur de l’IFSPES de Lyon 2 nous a expliqué que sortir de son laboratoire était un enjeu majeur pour les chercheur.se.s. Lui-même s’applique au principe de la recherche-action et aux méthodes participatives. Il conduit en ce moment avec l’AGEM un projet sur les messages clairs, non seulement à destination des élèves mais également pour les relation enseignant.e.s – parents.

La recherche-action peut se définir comme une méthode de recherche dans laquelle « il y a une action délibérée de transformation de la réalité ; recherches ayant un double objectif : transformer la réalité et produire des connaissances concernant ces transformations » (Florence Allard-Poesi, Véronique Perret. La Recherche-Action. Y. Giordano. Conduire un projet de recherche, une perspective qualitative, EMS, pp. 85-132, 2003.)

Le FREREF exerce et promeut la recherche-action depuis ses débuts, jusqu’à aujourd’hui avec des projets comme CHILD-UP qui s’intéresse aux conditions d’intégration des enfants migrants dans les systèmes socio-scolaires européen, ou le projet Exciite sur les méthodologies pédagogiques innovantes basée sur la créativité, l’inclusion et le numérique.

Un représentant de l’ENS a présenté son département qui associe acteurs éducatifs et chercheur.se.s et soutien le travail entre ces deux mondes. Les bénéfices de ce travail sont partagés, avec une production scientifiques sur des sujets pertinents pour la société et avec des méthodes adapté au terrain, et un éclairage des acteurs de terrain sur certains points aveugles qui peuvent exister dans la recherche. Cette démarche permet une production scientifique “utile et utilisable” et permet une grande transférabilité.

Un coordinateur d’établissements REP + et enseignant a appuyé ces propos en déclarant que les enseignant.e.s qui connaissent des situation complexe notamment avec l’apprentissage du français ou des mathématiques, sont demandeurs de soutient de la recherche, car ils ont besoin de recul sur leur situation d’enseignement au quotidien.

Enfin un représentant de la cellule rechercher-terrain de l’INSPE, qui vise à établir un continuum entre la formation initiale et la formation continue des enseignant.e.s, a ajouté à la discussion que les enseignant.e.s sont également demandeurs de traduction de la recherche.

L’ensemble des intervenant.e.s ont identifié plusieurs freins à cette approche de recherche-action notamment le manques de moyens humains, financiers et de temps pour beaucoup d’acteurs. Or cette démarche n’est vraiment efficace qu’avec une implication de l’ensemble de la communauté éducative, et nécessite un certaine dépersonnalisation des projets. C’est l’ensemble de l’école qui doit s’’investir, la direction, les enseignant.e.s, les parents d’élève etc. Une piste d’amélioration pourrait notamment être la reconnaissance des compétences développées par les enseignant.e.s qui participent à des projets de recherche.

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