Journée de la Transition Professionnelle écologique et solidaire
Le FREREF a participé à la Journée de la Transition Professionnelle écologique et solidaire organisée par l’Institut Transition avec le soutien de la métropole de Lyon le 12 mai 2025. A cette occasion nous avons pu échanger avec les acteurs de la formation et de la transition professionnelle du territoire.
Conférence “J’ai changé de vie, mode d’emploi”
L’Institut Transition qui organise la journée est un organisme de formation, et il dispense 3 programmes :
- Nouvelles Voies, qui dure 1 an et accompagne les personnes en transition / évolution pro dans leur transition vers le secteur de l’ESS. Ce programme s’appuie sur 4 piliers : un ensemble de cours, la rédaction d’un mémoire, la réalisation de missions de terrain et l’appartenance à une communauté professionnelle.
- L’institut accompagne également les dirigeant.e.s de structures sur des temps plus courts
- Enfin il forme tous les acteurs qui s’intéresse à la transition écologique
La quête de sens concerne toutes les générations contrairement à une idée reçue, c’est plus une question d’époque que de génération pour les professionnel.le.s de l’Institut. Il accueille en général 2 types de profils : les personnes qui ont eu des parcours de “non-choix”, et les personnes qui ont des métiers “passion”.
Ces personnes poursuivent généralement une quête parmi ces 5 types de quête:
- quête de sens ( à contrario des « bullshit jobs »)
- quête d’utilité (avoir un impact positif pour la planète et les gens)
- quête de liens (avec des collègues qui partagent les mêmes valeurs)
- quête de découvertes (développer ses compétences et progresser)
- quête d’aventures (faire ses propres choix et pas subir les choix de l’entreprise) “agency”
Nous avons pu écouter les témoignages d’apprenant.e.s à l’Institut Transition, dont « Ségo » qui partage son parcours sur YouTube pour inspirer d’autres personnes dans « Les rebonds de Ségo »:
Les métiers débouchés de ces formations sont soit des métiers classiques mais dans une structure écologique et solidaire, ou un métier spécifique, ou un métier “couteau-suisse”.
Les recruteurs du monde de l’ESS sont attentifs aux points suivant : que le.a candidat.e n’idéalise pas le secteur de l’ESS, que sa culture personnelle et professionnelle soit en accord avec la culture d’entreprise de l’organisation, qu’il/elle soit polyvalent.e, qu’il.elle témoigne d’un certain engagement préalable dans la cause écologique et solidaire.
Conférence “Transition écolo, y’a du boulot”
Marine Portera d’Elise Lyon, Caroline Sabah d’Arthropologia
Pour commencer, comment définir qui sont les acteurs de la transition écologique ? L’ADEME par exemple, l’Agence de la transition écologique, ne distingue pas dans les organisations qu’elle recense la qualité de l’engagement des organisations pour la transition. On peut parler d’économie “verte” et inclure les entreprises qui sont actives dans la transition énergétique par exemple, sans que cela soit leur seul champ d’action (comme pour Total par exemple, que l’on ne peut pas qualifier pour autant d’organisation de l’ESS. On peut encore distinguer les termes économie “verdissante” ou “de transition” qui reflète toute de différentes nuances. Enfin le terme “ESS” Économie Sociale et Solidaire est clairement encadré dans la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire.
Certains secteurs ont connu une émergence forte comme celui du réemploi de matériaux du bâtiment, et d’autres sont “en tension” comme celui de la rénovation énergétique.
Les intervenant.e.s distinguent l’appellation “transition” professionnelle de celui “d’évolution” auquel cas on réutilise des compétences déjà acquises mais dans un cadre différent. Pour faciliter la transition professionnelle, iels appellent à “dé- corréler les métiers des compétences”.
Podcast “Un battement d’aile”
Florence Gault avec les acteurs du réemploi du bâtiment
Comment mettre en œuvre concrètement la transition écologique dans un des secteur les plus polluants de l’économie : le BTP ? De plus en plus de personnes s’emploient à adapter leur pratique à l’impératif écologique. Dans les métiers du BTP par exemple il existe un Référentiel Habitat Durable, mis en place par la métropole de Lyon et à destination des constructions à usage d’habitation, qui rend entre-autre le réemploi de matériaux obligatoire sur les chantiers de la métropole.
Certains acteurs du BTP, comme le SPOR (Syndicat Pour le Réemploi), travaillent sur le sourçage des matériaux pour avoir une offre centralisée et faciliter le travail des professionnels. Un élément limitant cette centralisation est le cout du stockage des matériaux. Un des freins aux réemploi de matériaux est également la prise en charge ou non de ce cas de figure par les assurances et les professionnels.
Podcast “Soif de sens”
Pour déconstruire les idées reçues sur les salaires et l’économie
Pr. Baptiste Mylondo, enseignant économie et philosophie politique et Pierre Chevelle
Aujourd’hui si on gagne un salaire supérieur à 4000€/mois on fait partie des 10% des salarié.e.s les mieux payé.e.s en France. Les gens ont toutefois tendance à sous-estimer leur position en termes de rang dans l’échelle des salaires.
Si on compare le niveau des salaires avec leur utilité sociale, on observe que les 2 facteurs sont décorrélés : en effet pendant le confinement, seuls les métiers “nécessaires” ont été autorisés à poursuivre leur activité, les fameux “1ers de cordée”. Or ces métiers faisaient souvent partie des métiers les moins bien rémunérés de notre société. Pire encore, une étude de 2005 comparant le niveau de rémunération et l’utilité sociale (calculé en termes financiers) concluait qu’ils étaient inversement proportionnels !
Si ce n’est pas l’utilité sociale qui détermine le niveau des salaires, alors qu’est ce qui le détermine ? (et même plus, qu’est-ce qui justifie les inégalités de salaire?) On cite souvent : le niveau d’étude, la productivité, mais également le rapport de force sur le marché du travail (selon s’il y a plus d’offres d’emploi que de travailleur.se.s ou plus de travailleur.se.s que d’offres.)
Pour ce qui est de la productivité, en France elle augmente continuellement depuis des décennies, pourtant les salaires n’ont pas augmenté de la même façon (et le temps de travail général n’a pas baissé).
Pour ce qui est des études, certains avancent l’argument que les études retardent l’arrivée sur le marché du travail, créant ainsi un manque à gagner financier pour les personnes qui font de longues études. De plus, certaines formations sont payantes. Au final M. Mylondo nous dit que ce manque à gagner lissé sur toute une carrière pourrait justifier un écart salarial d’environ 200€/mois seulement.
Face à cette abysse éthique, certains phénomènes émergent tels la “logique du refus de parvenir” ou encore le “courage de renoncer” théorisé par Jean-Philippe Decka, doctorant-chercheur à l’école Polytechnique.